samedi 31 août 2013

Sur le web 3.0, tout le monde sait que vous êtes un chat...

Pour la mise en place d'une gouvernance éthique mondiale du web


Il semblerait que Georges Orwell ne fasse plus recette presque 30 ans après 1984. Les adolescents s'exposent sur les réseaux sociaux comme ils le feraient dans l'intimité. Leur "smart" phone offrent à leur tribu les moyens de les géo-localiser en permanence. Leur web est omniscient, omniprésent. Il leur ouvre une fenêtre quasi-unique sur le monde, sur la culture. Ils sont prêts.

Prêts à l'avènement du web 3.0. Prêts à l'arrivée du web sémantique qui reliera non plus seulement les hommes mais étendra la notion de ressource aux objets de notre quotidien. Prêts à se voir représentés sous la forme de réseaux d'informations atomiques en nombre quasi-infini dont la puissance réside, moins par les informations elles-mêmes que par les liens entre celles-ci. Prêts à accepter de voir la frontière tenue qui subsiste encore entre le monde réel et le monde virtuel se désagréger définitivement.

La question que je me pose est la suivante: suis-je prêt à vouloir ceci pour mes enfants? suis-je prêts à les exposer à toutes les dérives marketing, commerciales et dans un scénario plus catastrophique, totalitaires. Suis-je prêts à voir mes enfants fichés, numérisés, sans savoir quelle sera l'utilisation ultime qui sera faites de ces informations?

Tout récemment encore, en interrogeant un spécialiste du web 2.0 sur l'évolution de celui- ci vers un web 3.0 et la nécessité d'une gouvernance éthique de ce dernier, je me suis entendu répondre quelque chose comme "le web 3.0 n'existe pas, ou alors je ne l'ai pas rencontré". Or cette simple négation me semble porter en elle-même tout le caractère insidieux de cette évolution.

Révolutionnaire dans ses conséquences, cette évolution est le fruit que d'évolutions techniques et comportementales. Évolutions techniques tout d'abord, permettant la modélisation, le traitement et l'analyse d'un nombre de plus en plus important de données élémentaires. Évolutions comportementales ensuite, conduisant tout un chacun à donner à des fournisseurs de services dont on ne sait finalement que peu de choses sur les objectifs in fine des données de plus en plus personnelles (nom, prénom, date de naissance, adresse, mais également orientation politique, religieuse...).

Des démarches telles que l'"open data" me laissait entrevoir une évolution positive et citoyenne des ressources numériques. Hélas, celle-ci n'est rien ou peu de chose, si elle n'est combinée à une analyse croisée entre des données "ouvertes" et des données d'ordre privées (agenda, préférences personnelles, geo-localisation...). En d'autres termes, je ne crois en l'"open data" qu'une fois le web sémantique établi.

On l'aura compris, la tournure prise par le web actuellement me pose question et me semble inéluctable. Je ne crois pas plus qu'un rejet définitif de cette évolution serait une solution. En revanche, il me paraît d'ores et déjà nécessaire sinon indispensable de mettre en oeuvre la gouvernance éthique globale qui permettra de s'assurer a l'avenir du bon usage fait par les uns et les autres des données personnelles manipulées.

Il est encore temps car sous le web 2.0, personne ne sait que vous êtes un chat...

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